Logement inhabitable : comment prouver aux impôts ?

2 octobre 2025

Déclarer son logement inhabitable auprès des impôts, ce n’est pas une formalité anodine. Statut fiscal en jeu, justificatifs à l’appui, l’administration ne se contente pas d’un signalement lacunaire. Pas question de s’en tirer avec une simple allégation de travaux ou la description d’un plafond fatigué : ce sont des preuves nettes et des démarches carrées qui feront la différence.

Des cas précis, absence de toiture, péril imminent, interdiction d’occuper les lieux, existent dans les textes, mais chaque demande donne lieu à une analyse attentive. Il faut monter un dossier solide, s’appuyer sur des rapports d’experts, des constats d’huissier, réunir tout ce qui peut attester de l’état du bien. Les délais, les procédures, les critères changent parfois d’une commune à l’autre, et rien n’est automatique.

Quand un logement est-il considéré comme inhabitable ?

La question de l’inhabitabilité d’un logement ne laisse aucune place à l’à-peu-près. Pour les impôts, ce n’est ni le sentiment du propriétaire ni la présence d’un carrelage fissuré qui comptent. Les critères sont factuels, sévères, et se concentrent sur l’état général du bâti et l’impossibilité avérée d’y habiter normalement. Le logement doit être inutilisable pour l’habitation pendant toute l’année fiscale concernée.

Pour mieux cerner ce que l’administration retient, voici les situations qui peuvent justifier cette reconnaissance :

  • absence totale de chauffage,
  • effondrement de plancher,
  • toiture partiellement ou totalement détruite,
  • présence de risques sanitaires graves : plomb, amiante dégradée, inondations importantes, eau potable inaccessible.

Il ne suffit pas que le logement soit inconfortable ou peu engageant. Il doit être objectivement impossible d’y vivre, même temporairement. La réglementation distingue aussi les logements vacants dont la vacance s’explique par leur dégradation réelle, non par la volonté du propriétaire de les laisser vides.

Les cas fréquemment reconnus sont les suivants :

  • Absence totale ou partielle de toiture, ou structure gravement compromise
  • Impossibilité d’accès aux réseaux indispensables (eau, électricité, assainissement)
  • Insalubrité ou arrêté de péril prononcé par la mairie
  • Évacuation imposée par décision administrative

La durée de vacance est scrutée : si un logement reste vide plusieurs années à cause d’un danger manifeste ou de travaux de grande ampleur, il peut être considéré comme vacant non imposable. Mais l’absence d’occupant, seule, ne suffit jamais. Il faut pouvoir établir, preuves à l’appui, que la dégradation est la cause directe de la vacance. Les règles peuvent aussi fluctuer selon la commune, notamment dans les secteurs soumis à la taxe sur les logements vacants.

Les preuves qui font la différence auprès de l’administration fiscale

Convaincre l’administration fiscale demande de réunir des preuves concrètes, datées, irréfutables. La photo d’un mur défraîchi n’aura guère de poids : il faut montrer, sans ambiguïté, que le logement ne peut accueillir aucun habitant.

Dans cette démarche, plusieurs éléments sont à collecter et à présenter :

  • Photos datées, idéalement montrant le logement avant et après l’événement ou le sinistre
  • Constats d’huissier ou rapports d’expertise détaillant la nature des dégâts
  • Arrêtés municipaux déclarant l’insalubrité ou le péril
  • Factures de travaux attestant de la nécessité d’une remise en état lourde

Si un arrêté de péril ou d’insalubrité existe, il doit figurer systématiquement dans le dossier : pour les impôts, c’est un signal fort. Pensez à réunir aussi tout document prouvant la vacance du bien, comme des factures d’énergie à zéro, des courriers recommandés non distribués, ou tout écrit montrant l’absence de locataire.

Ce sont toutes ces pièces, rassemblées avec rigueur, qui forment un argumentaire solide et crédible pour décrocher l’exonération de taxe foncière ou de taxe d’habitation.

Mode d’emploi : comment monter un dossier solide pour les impôts

Pour faire valoir l’inhabitabilité et obtenir une exonération de taxe, rien ne remplace la préparation et la précision. Dès que le logement devient inutilisable, le propriétaire (ou l’usufruitier) doit saisir les services fiscaux et constituer un dossier complet et argumenté.

Le point de départ est une déclaration écrite : elle expose les faits, mentionne l’adresse du bien, détaille la chronologie des événements et liste toutes les pièces justificatives. L’administration s’attend à trouver dans ce dossier :

  • Une lettre explicative signée, qui récapitule les circonstances
  • Les références cadastrales et l’adresse précise du bien
  • Un relevé chronologique des incidents et interventions (sinistre, passage d’expert, début de travaux, etc.)
  • Des copies des documents originaux (constats, factures, arrêtés, photos)

La cohérence de l’ensemble est primordiale : il faut prouver que le logement est inhabitable sur toute l’année fiscale en question. Gardez trace de tous les échanges avec les impôts, et relancez sans attendre si la réponse tarde. Un dossier bien ficelé est celui qui anticipe les doutes de l’administration et coupe court aux zones grises.

Document fiscal français et clés de maison sur un bureau en bois

Ce que la reconnaissance d’inhabitabilité change pour vos taxes

Faire reconnaître l’inhabitabilité de son logement rebat les cartes en matière de fiscalité locale. En cas d’accord, le bien peut être exonéré de taxe foncière. Dans certains cas, il peut aussi être dispensé de taxe d’habitation ou de taxe sur les logements vacants (TLV ou THLV).

Tout dépend du statut du bien, de la durée de vacance constatée et de la situation géographique, certains territoires urbains dits tendus appliquent des règles particulières. L’administration réclame une preuve claire que le logement ne peut être occupé, sans considération de la durée de vacance volontaire.

Dans les villes de plus de 50 000 habitants où la TLV s’applique, la reconnaissance d’inhabitabilité devient une véritable question financière : dès la deuxième année, la taxe peut atteindre 17 % de la valeur locative du bien. Obtenir cette reconnaissance permet d’éviter une pression fiscale lourde, voire disproportionnée.

Le dossier, une fois remis, est examiné en détail par le fisc. L’exonération ne prend effet qu’à partir de la validation officielle de la situation par l’administration. Attention au calendrier : il faut déposer sa demande avant le 31 décembre de l’année concernée. C’est la vigilance sur ces échéances qui permet de respirer, côté taxes… ou de subir un prélèvement évitable.

Dans l’univers de la fiscalité immobilière, un logement déclaré inhabitable ne relève pas du simple constat d’abandon. C’est la somme de preuves tangibles, une argumentation construite, et le respect des démarches qui font basculer la décision. À la clé, un allègement fiscal qui, bien souvent, donne une bouffée d’air au propriétaire déjà éprouvé par la situation du bien.

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